"Excellent tireur, habile boxeur, il avait appris les sports de combat, notamment le fameux jiu-jitsu de Shanghai, de Huang Jinrong, le chef de la Sûreté en personne."
Etant très intéressé dans ce domaine, j'avais commis une lettre demandant des éclaircissements à l'attention de Henri Vernes, m'étonnant que l'on attribue à un lieu ou un instructeur chinois ce qui était bien connu comme un art martial japonais.
Henri Vernes m'avait très courtoisement répondu, mais sa réponse ne me satisfit pas. En gros, il voulut me rappeler que les arts martiaux japonais provenaient en grande part des arts martiaux chinois, et donc semblait sous entendre que le jiu-jitsu était bel et bien une spécificité de Shanghaï.
Dubitatif, j'avais creusé le sujet par ailleurs, et voici ce qu'il en ressort :
Sans nier que les arts martiaux japonais (karaté, jiu-jitsu, etc..) ont emprunté une grande part de leurs techniques à la Boxe Chinoise, au Kung Fu, il faut tenir compte de la réalité historique suivante, quant au "jiu-jitsu de Shanghaï".
Entre 1927 et 1940, un certain britannique, captain W.E. Fairbairn, était stationné dans la concession britannique de Shanghaï, et il y développa une unité spéciale au sein de la Police Municipale de Shanghaï, la "Shanghaï Riot Squad", qui était réputée pour son efficacité.
Et d'où pensez vous qu'il tira les principales techniques de combat ? Et bien, comme il le dit lui même dans un livre écrit par lui (devenu major entretemps) en 1942, et que j'ai pu me procurer ("Get Though !", un livre qui fut la base du close-combat des commandos britanniques), il s'appuya non seulement sur des éléments de la boxe chinoise qu'il étudia sur place, mais aussi sur ce qu'il étudia à Tokyo, étant un des premiers européens à avoir étudié le jiu-jitsu au Kodokan, (à cette époque, il ne s'agissait pas encore vraiment de la méthode édulcorée qu'est devenue le judo) et un des très rares pour l'époque a s'être vu décerné le grade de ceinture noire 2ème degré.
Donc, sans nier la paternité (partielle en tout cas) des arts martiaux chinois, sur ce coup là, Henri Vernes s'était légèrement trompé : le jiu-jitsu de Shanghaï était bien une importation japonaise par un officier des sa très gracieuse majesté britannique

Dernière précision pour les puristes, et ayant étudié le japonais durant trois ans, je précise que l'orthographe translittérée du "jiu-jitsu" est souvent fautive, bien que passée comme telle par l'usage dans les dictionnaires. En fonction de la translittération vers le français ou l'anglais on obtient pas les mêmes résultats, et l'on voit donc plusieurs variantes "Ju-jutsu", Jiu-Jutsu" etc...
La prononciation de "technique souple" ou "technique de la souplesse" (signification exacte du terme) est transcrite : じゅう じゅつ en syllabaire "hiragana" pour la prononciation des kanji (sinogrammes) originaux du mot : 柔術
Ce qui, en pur français donnerait : "Djioû Djioutsou" et donc, en reprenant les premières manières de transcrire, cela aurait dû être : "Jiû-Jiutsu" ou en prenant la manière plus récente "Jû-Jutsu", la première voyelle étant longue, la deuxième étant courte.
Bravo à ceux qui m'auront lu jusqu'ici
