Semblables à des guerriers médiévaux dans leurs armures articulées, les énormes crabes carnivores progressaient gauchement mais inexorablement, dans leur démarche oblique, vers le festin qu'ils devaient à l'imagination de Miss Ylang-Ylang.
Le bruit d'assiettes des milliers de crabes en marche fut tout à coup dominé par un hurlement terrifié. C'était Liane qui, à bout de nerfs, criait convulsivement.
Bob Morane comprenait cette terreur, et il se sentait sur le point de la partager. Quand les crabes les atteindraient, dans quelques secondes, ils seraient livrés, impuissants à leur voracité. Les pinces dépeceraient leurs joues, leur nez, leurs oreilles, s'attaqueraient à leurs yeux, leur rongeant lentement la face, la gorge, les épaules... Puis les monstres voraces creuseraient le sable pour s'attaquer au corps. Mais alors, tous trois déjà seraient morts, tués par l'hémorragie, la douleur, l'épouvante...
