La puissante Jaguar grise, sa capote repliée, les faisceaux de ses phares cisaillant la nuit, caracolait le long de la route sinueuse grimpant à l'assaut des collines qui dominaient Cannes. Le volant était tenu, d'une main ferme et souple, par un grand gaillard au visage osseux couronné de cheveux noirs coupés en brosse, et qui portait avec élégance le débraillé balnéaire : pantalon de toile, espadrilles et chemise de polo. A ses côtés, sur le second siège, se tenait un personnage à la carrure herculéenne, à la chevelure rousse, dont la vareuse de fine laine tissée à la machine laissait deviner le modelé d'une impressionnante musculature.
En dépit des difficultés du parcours, l'homme aux cheveux en brosse conduisait vite et sec, mais avec une maîtrise parfaite, ce qui semblait combler d'aise son compagnon...
