Décés Alain RESNAIS

[Masque Jade]

Je ne suis pas un habitué de ces éloges faites aux gens qui malheureusement décèdent, mais pour Alain Resnais qui vient de mourir, je pense que nous pouvons avoir une petite pensée car il a failli réaliser au cours de sa carrière un film sur Jean Ray. Si cela ne s'est pas fait, je crois que c'est aussi pour une question de... sous.

C'est avec Henri Vernes qu'il est allé chez Jean Ray car il voulait faire un film sur Harry Dickson. Il avait d'ailleurs fait des repérages et ensuite un livre dont le texte est de Jorge Semprun et qui porte ce nom "Repérages". Certaines photos avaient été faites, je crois, dans le vieil Honfleur. Ce livre est très recherché aujourd'hui encore, je l'ai vu sur Ebay à 482 euros (Et dire que j'ai eu ce livre entre les mains et que je ne l'ai pas acheté alors qu'il était en librairie à quelques francs...)

Donc, un regret et une petite pensée pour ce grand réalisateur.

[cachi]

Un grand cinéaste qui pouvait passer du marivaudage au drame, du documentaire à la fiction.
Son (donc) dernier film sortira en fin de mois. A voir!

[yan59]

J'ignorais tout de ces infos, merci Masque.
Ado j'avais vu Nuit et brouillard au lycée. Un film documentaire choquant mais nécessaire..
Qu' il repose en paix.

[jean-luc]

Talentueux, novateur, austère parfois, déroutant, mais passionné, Alain Resnais nous laisse une oeuvre majeure dans l'histoire du cinéma. Il a débuté, avec virtuosité, dans le documentaire ("Van Gogh", "Guernica", "Schéma d'une identification", "Les statues meurent aussi", "Nuit et Brouillard"...) pour se "lancer" dans le long-métrage avec un film qui, s'il a divisé la critique à sa sortie, est considédré comme un film-phare de l'histoire du cinéma "Hiroshima, mon amour". Vont suivre de nombreux films d'exception : "L'année dernière à Marienbad", "Muriel", "La guerre est finie", "Providence", ""Mon oncle d''Amérique", "I want to go home", "Smoking", "No Smoking" (2 films que j'adore particulièrement), "On connait la chanson" (film assez surprenant au début mais tellement charmant et léger), "Pas sur la bouche", "Les herbes folles"...
Déroutant et acueilli parfois difficilement par le public, tel était le cinéma d'Alain Resnais: je me souviens que lors de la sortie de "Providence" en 1977, la salle où j'ai assisté à la projection de ce film s'est vidée progressivement , une bonne moitié des spectateurs s'éclipsant avant la fin de ce film dérangeant (les errances d'un vieil homme malade qui mélange réalité et fantasmes). Certes, un film "difficile" mais si bien réalisé et interprété (magnifique dick Bogarde)!
Un cinéaste majeur qui va rejoindre le Panthéon du 7 ème art français de ces cinquante dernières années au côté des Truffaut, Rohmer, Tati, Etaix, Chabrol, Berri, Verneuil,...
Et, comme l'a si bien évoqué Masque de Jade, on ne peut passer sous silence ce projet d'un film sur "Harry Dickson". Henri Vernes nous parle dans ses "mémoires "pages 439 et 440 de cette réunion qui a vu l'auteur des Bob Morane, Jean Ray et Alain Resnais parler de ce projet, inabouti malheureusement. On peut découvrir une photo de cet événement dans le livre de Daniel Fano "Henri Vernes et Bob Morane", une double vie d'aventures" ("Le Castor Astral", 2007)

[jean-luc]

Au sujet de la possible adaptation cinématographiques de l'oeuvre de Jean Ray par Alain Resnais, on peut lire aussi la préfacedu livre "Harry Dickson 1 "(Ananké, 1994), écrite par Henri Vernes. Le créateur de Bob Morane, grand admirateur de Jean Ray, y évoque cette rencontre entre Resnais, Ray et lui-même. (pages 16 et 17).