Brutux
Modérateur : La Patrouille du Temps
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Brutux
Extrait de " Brutux ", début de mon troisième Bob Morane...
Matelassée d’une neige fraîchement tombée qui n’avait pas encore été pelletée, la rue Sainte-Ursule semblait épargnée par la nuit. D’autant que de nombreux lampadaires brillaient çà et là et que les vitrines et fenêtres alentour, éclairées elles aussi, étaient comme des invites à venir se réfugier au chaud. Car il faisait froid, crissement frette, comme on dit dans la Belle Province.
Les clients étaient nombreux sous la somptueuse verrière de la salle du restaurant le Saint-Amour, mais deux hommes attiraient plus particulièrement l’attention. L’un était un colosse roux à la poitrine large comme celle d’un orignal, avec des mains aussi imposantes que les bois aplatis de cet animal, et on le voyait se servir des verres de whisky plus que de raison, alors que les autres occupants de la vaste pièce, son compagnon mis à part, attaquaient déjà le plat principal. Ledit compagnon buvait avec davantage de prudence. Si sa taille était quelque peu inférieure à celle de son vis-à-vis, ce n’en était pas moins un grand gaillard athlétique et, ce que l’on retenait en priorité de son physique, c’étaient ses yeux gris dans lesquels se devinait une énergie à toute épreuve et une volonté de fer.
— Croyez qu’il va finir par apparaître, ce mystérieux Fulvien Larouche, commandant ? Fulvien, c’est un nom de baptême à coucher dehors et, par la température qu’il fait, s’il pique un roupillon sur un banc, il doit être congelé depuis longtemps.
— Je crois que le voilà, répondit Bob Morane, le sportif aux yeux d’acier.
D’un geste du menton, il désignait un petit homme rondouillard qui venait de pénétrer dans le restaurant. Un serveur était en train de le débarrasser de sa toque et de son manteau en castor. Quand ce fut fait, il essuya les verres embués de ses lunettes à grosse monture, puis se dirigea d’un pas assuré vers la table de Morane et de Bill Ballantine, l’ami écossais à la chevelure de feu.
— Pas trop tôt, chuchota le géant après avoir séché un fond de whisky. Je commençais à avoir sérieusement la dent. Encore faut-il que ce quidam ne nous annonce pas quelque chose qui va nous couper l’appétit.
Le nouveau venu se présenta, tendit une main encore un peu moite d’avoir séjourné dans une confortable moufle. Le shake-hand — ainsi qu’évitent de dire les francophones québécois — échangé avec Bill ne dut pas trop lui plaire, car l’Écossais lui broya les phalanges comme pour en faire un fagot. Toujours est-il qu’il s’agissait bien du Fulvien Larouche tant attendu, agent du SCRS, Service canadien du renseignement de sécurité.
— J’appartiens à la Cellule X, précisa le fonctionnaire, qui travaille en toute discrétion sur les affaires exceptionnelles pouvant particulièrement nuire à la sûreté du pays.
Il buvait de l’eau, ce qui, pour Ballantine, était la preuve d’un mauvais goût parfait. Quand arriva le consommé de bœuf Highland parfumé au gingembre, il poursuivit :
— Je vous ai raté de peu à Montréal où, m’a-t-on informé, vous aviez rendez-vous avec une certaine Sophia Paramount.
Matelassée d’une neige fraîchement tombée qui n’avait pas encore été pelletée, la rue Sainte-Ursule semblait épargnée par la nuit. D’autant que de nombreux lampadaires brillaient çà et là et que les vitrines et fenêtres alentour, éclairées elles aussi, étaient comme des invites à venir se réfugier au chaud. Car il faisait froid, crissement frette, comme on dit dans la Belle Province.
Les clients étaient nombreux sous la somptueuse verrière de la salle du restaurant le Saint-Amour, mais deux hommes attiraient plus particulièrement l’attention. L’un était un colosse roux à la poitrine large comme celle d’un orignal, avec des mains aussi imposantes que les bois aplatis de cet animal, et on le voyait se servir des verres de whisky plus que de raison, alors que les autres occupants de la vaste pièce, son compagnon mis à part, attaquaient déjà le plat principal. Ledit compagnon buvait avec davantage de prudence. Si sa taille était quelque peu inférieure à celle de son vis-à-vis, ce n’en était pas moins un grand gaillard athlétique et, ce que l’on retenait en priorité de son physique, c’étaient ses yeux gris dans lesquels se devinait une énergie à toute épreuve et une volonté de fer.
— Croyez qu’il va finir par apparaître, ce mystérieux Fulvien Larouche, commandant ? Fulvien, c’est un nom de baptême à coucher dehors et, par la température qu’il fait, s’il pique un roupillon sur un banc, il doit être congelé depuis longtemps.
— Je crois que le voilà, répondit Bob Morane, le sportif aux yeux d’acier.
D’un geste du menton, il désignait un petit homme rondouillard qui venait de pénétrer dans le restaurant. Un serveur était en train de le débarrasser de sa toque et de son manteau en castor. Quand ce fut fait, il essuya les verres embués de ses lunettes à grosse monture, puis se dirigea d’un pas assuré vers la table de Morane et de Bill Ballantine, l’ami écossais à la chevelure de feu.
— Pas trop tôt, chuchota le géant après avoir séché un fond de whisky. Je commençais à avoir sérieusement la dent. Encore faut-il que ce quidam ne nous annonce pas quelque chose qui va nous couper l’appétit.
Le nouveau venu se présenta, tendit une main encore un peu moite d’avoir séjourné dans une confortable moufle. Le shake-hand — ainsi qu’évitent de dire les francophones québécois — échangé avec Bill ne dut pas trop lui plaire, car l’Écossais lui broya les phalanges comme pour en faire un fagot. Toujours est-il qu’il s’agissait bien du Fulvien Larouche tant attendu, agent du SCRS, Service canadien du renseignement de sécurité.
— J’appartiens à la Cellule X, précisa le fonctionnaire, qui travaille en toute discrétion sur les affaires exceptionnelles pouvant particulièrement nuire à la sûreté du pays.
Il buvait de l’eau, ce qui, pour Ballantine, était la preuve d’un mauvais goût parfait. Quand arriva le consommé de bœuf Highland parfumé au gingembre, il poursuivit :
— Je vous ai raté de peu à Montréal où, m’a-t-on informé, vous aviez rendez-vous avec une certaine Sophia Paramount.
- mouloot
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Re: Brutux
Excellent début..........
Re: Brutux
Merci Brice
Un "Bob Morane" au Canada! Excellent et alléchant ce début de roman!
Un "Bob Morane" au Canada! Excellent et alléchant ce début de roman!
Re: Brutux
Nos 3 amis réunis dans cette aventure canadienne, ça s'annonce déjà comme une bonne ... nouvelle !
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Re: Brutux
Merci pour vos encouragements.
- Paladin
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Re: Brutux
Une petite question, Brutux sera un roman ou une nouvelle ? Autrement dit disponible chez nos libraires ou uniquement auprès de l'âge d'or ?
En espérant que 2015 sera une année prolifique en nouveauté Bob Morane.
En espérant que 2015 sera une année prolifique en nouveauté Bob Morane.
Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
Antoine de Saint Exupéry » Le Petit prince
Antoine de Saint Exupéry » Le Petit prince
Re: Brutux
Un «Bob» au Québec! Bonne nouvelle. Cependant, c'est navrant que cette aventure, comme les precédantes, n'y soit plus distribuée.
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Re: Brutux
" Brutux " sera un HC d'une centaine de pages environ, cela dépendra de la mise en page de l'éditeur.
Re: Brutux
Merci pour l'information, Brice!Brice Tarvel a écrit :" Brutux " sera un HC d'une centaine de pages environ, cela dépendra de la mise en page de l'éditeur.
Une centaine de pages... presque un roman!
Est-il déjà prévue une date de parution?
Re: Brutux
Lu hier.
A mon goût un bon Bob Morane, une histoire originale comme Brice sait nous en faire, avec sa part de fantastique et répondant aux codes d'une aventure classique du commandant. Le format "nouvelle" limite encore une fois les possibilités et l'histoire démarre de façon un peu précipitée, avec une tournure de phrases ou deux que j'aurais plus imaginées différemment, mais Brice n'est pas HV, a son propre style et tend à le faire coller à nos goûts le plus possible, mais pas que ! J'aurais bien aimé que Bob et Bill passent plus de temps auprès des Inuits pour avoir droit à de belles descriptions sur les personnages, leur mode de vie, ... mais leurs apparitions, du fait de ce manque, leur conférent une aura mystique qui est intéressante aussi pour l'histoire. La fin est elle aussi un peu précipitée, laisse des questions en suspens mais n'est pas sans rappeler la fin d'autres aventures de notre duo de choc.
Merci Brice pour cette bonne soirée de lecture !
A mon goût un bon Bob Morane, une histoire originale comme Brice sait nous en faire, avec sa part de fantastique et répondant aux codes d'une aventure classique du commandant. Le format "nouvelle" limite encore une fois les possibilités et l'histoire démarre de façon un peu précipitée, avec une tournure de phrases ou deux que j'aurais plus imaginées différemment, mais Brice n'est pas HV, a son propre style et tend à le faire coller à nos goûts le plus possible, mais pas que ! J'aurais bien aimé que Bob et Bill passent plus de temps auprès des Inuits pour avoir droit à de belles descriptions sur les personnages, leur mode de vie, ... mais leurs apparitions, du fait de ce manque, leur conférent une aura mystique qui est intéressante aussi pour l'histoire. La fin est elle aussi un peu précipitée, laisse des questions en suspens mais n'est pas sans rappeler la fin d'autres aventures de notre duo de choc.
Merci Brice pour cette bonne soirée de lecture !
Re: Brutux
Merci Yan pour cette critique (favorable) du dernier opus de Brice.
J'avais bien aimé les deux premiers et vais me lancer sur la piste de l'énigmatique "Brutux" ce week-end, entre deux balades dans ma belle forêt!
J'avais bien aimé les deux premiers et vais me lancer sur la piste de l'énigmatique "Brutux" ce week-end, entre deux balades dans ma belle forêt!
Re: Brutux
Changement de décor pour le nouveau roman de Brice Tarvel. Plus de forêt inextricable, de jungle luxuriante, de chaleur moite. Place aux étendues glacées du Canada pour cette troisième aventure écrite par cet auteur talentueux et inventif. Et cette modification nous vaut une aventure originale et pleine de suspens.
Et, autant le dire tout de suite, j’ai bien aimé ce « Brutux », dont le titre énigmatique et intrigant m’évoquait plutôt l’antiquité, l’époque romaine avec ses fastes et ses tyrans.
Point d’Empereur, de gladiateurs et de jeux dans l’arène ici mais une histoire mêlant fantastique et science fiction, une spécialité de Brice, à ne pas en douter.
L’action démarre rapidement : on est tout de suite pris dans l’engrenage de cette histoire ; Bob et Bill tergiversent un peu mais rien n’y fait : la curiosité de nos deux héros est légendaire et c’est tant mieux pour le lecteur. Cela nous vaut un récit aux rebondissements nombreux et inattendus. Le rythme est rapide et chaque page, ou presque, apporte son lot de surprises. L’auteur ne perd pas trop de temps en route, ménageant quand même quelques « pauses » pour décrire un lieu, un personnage ou plaçant quelques dialogues, parfois fort savoureux, notamment entre Bob et Bill. C e livre est un véritable condensé de suspens et d’aventure. De la première page à la dernière, point de répit pour le lecteur qui n’aspire qu’à une chose : connaître la suite !
Quand à l’écriture, autant que je puisse me permettre d’en juger, je trouve le style de Brice très alerte. Sans être du « Vernes », et c’est tant mieux car chaque auteur doit apporter sa « patte », on retrouve ce style fluide et très agréable à lire, bien adapté aux aventures du commandant. Les personnages sont bien campés (coup de cœur pour la jeune Chisola), les dialogues « sonnent » juste.
Un court roman qui m’a beaucoup plus par l’originalité de l’histoire, son côté fantastique assez crédible et son rythme rapide. Par sa trame, son thème (un engin mystérieux apparaissant dans une région sauvage et isolée), il m’a rappelé une aventure de Bob contre Miss Ylang-Ylang du côté du Matto-Grosso…
Deux petits reproches, tout de même. Tout d’abord, pourquoi écrire sur 90 pages alors qu’il y avait manifestement matière à un « vrai » roman ? Brice a de l’imagination et cet « effort » supplémentaire ne devait pas être insurmontable… les mystères du monde de l’édition sont souvent opaques !
Autre reproche, minime : je trouve que Brice insiste un peu trop sur le patriotisme de Bill et son « penchant » pour le whisky ! Point trop n'en faut!
En conclusion, j’ai vraiment pris plaisir à découvrir ce troisième opus de Brice Tarvel et j’attends son prochain avec impatience.
Un mot sur la couverture de Frank Leclercq: je la trouve un peu plus belle que les précédentes,avec une ambiance verte fort réussie!
Un dernier mot : je verrais bien ce roman adapté en BD ! Ce court récit, avec son rythme trépidant, ses personnages divers, ses différents décors (les plaines glacées offrant un contraste saisissant avec l'engin mystérieux) offrirait à un artiste de talent un excellent "challenge"!
jean-luc (qui vient d'écrire cette critique "à chaud").
Et, autant le dire tout de suite, j’ai bien aimé ce « Brutux », dont le titre énigmatique et intrigant m’évoquait plutôt l’antiquité, l’époque romaine avec ses fastes et ses tyrans.
Point d’Empereur, de gladiateurs et de jeux dans l’arène ici mais une histoire mêlant fantastique et science fiction, une spécialité de Brice, à ne pas en douter.
L’action démarre rapidement : on est tout de suite pris dans l’engrenage de cette histoire ; Bob et Bill tergiversent un peu mais rien n’y fait : la curiosité de nos deux héros est légendaire et c’est tant mieux pour le lecteur. Cela nous vaut un récit aux rebondissements nombreux et inattendus. Le rythme est rapide et chaque page, ou presque, apporte son lot de surprises. L’auteur ne perd pas trop de temps en route, ménageant quand même quelques « pauses » pour décrire un lieu, un personnage ou plaçant quelques dialogues, parfois fort savoureux, notamment entre Bob et Bill. C e livre est un véritable condensé de suspens et d’aventure. De la première page à la dernière, point de répit pour le lecteur qui n’aspire qu’à une chose : connaître la suite !
Quand à l’écriture, autant que je puisse me permettre d’en juger, je trouve le style de Brice très alerte. Sans être du « Vernes », et c’est tant mieux car chaque auteur doit apporter sa « patte », on retrouve ce style fluide et très agréable à lire, bien adapté aux aventures du commandant. Les personnages sont bien campés (coup de cœur pour la jeune Chisola), les dialogues « sonnent » juste.
Un court roman qui m’a beaucoup plus par l’originalité de l’histoire, son côté fantastique assez crédible et son rythme rapide. Par sa trame, son thème (un engin mystérieux apparaissant dans une région sauvage et isolée), il m’a rappelé une aventure de Bob contre Miss Ylang-Ylang du côté du Matto-Grosso…
Deux petits reproches, tout de même. Tout d’abord, pourquoi écrire sur 90 pages alors qu’il y avait manifestement matière à un « vrai » roman ? Brice a de l’imagination et cet « effort » supplémentaire ne devait pas être insurmontable… les mystères du monde de l’édition sont souvent opaques !
Autre reproche, minime : je trouve que Brice insiste un peu trop sur le patriotisme de Bill et son « penchant » pour le whisky ! Point trop n'en faut!
En conclusion, j’ai vraiment pris plaisir à découvrir ce troisième opus de Brice Tarvel et j’attends son prochain avec impatience.
Un mot sur la couverture de Frank Leclercq: je la trouve un peu plus belle que les précédentes,avec une ambiance verte fort réussie!
Un dernier mot : je verrais bien ce roman adapté en BD ! Ce court récit, avec son rythme trépidant, ses personnages divers, ses différents décors (les plaines glacées offrant un contraste saisissant avec l'engin mystérieux) offrirait à un artiste de talent un excellent "challenge"!
jean-luc (qui vient d'écrire cette critique "à chaud").