Certainement certains d'entre vous, je parle des plus anciens ont peut-être connu cette Caroline qui a eu beaucoup de succès auprès des jeunes dans les années 50/60, pour ainsi dire en même temps que des jeunes lisaient Bob Morane. Par la suite on a vu d'autres livres qui ont été édités avec une héroine s'appelant Martine qui a pris pour ainsi dire par la suite la place de Caroline.
Dans le journal L'Alsace:
Une grande exposition rend hommage au Mulhousien Pierre Probst, le père de l'une des plus célèbres héroïnes des livres d'enfant.
La petite fille à la salopette rouge a conquis le monde. 43 albums édités, des traductions en 15 langues et un Himalaya de livres dévorés par des millions d'enfants, Pierre Probst, son papa, a de quoi être fier. Mais si Caroline est née en 1953, le talent du dessinateur doit beaucoup à son enfance mulhousienne. Pierre Probst a vu le jour en 1913 dans l'Alsace occupée. Le textile fait vivre sa famille comme tout Mulhouse. Les Probst travaillent chez DMC. Le petit Pierre, lui, va à l'école des Frères et dessine déjà. Les prêtres n'aiment guère ce talent qui pousse le jeune garçon à gravir la pente qui monte jusqu'au zoo. « J'y allais souvent avec ma mère, j'adorais dessiner les animaux », se rappelle-t-il. C'est peut-être au coeur de ce vaste parc qu'ont poussé les premiers traits de Youpi, Boum, Pitou et autres animaux compagnons de Caroline. La passion pour les arts graphiques conduit Pierre Probst à fréquenter les cours de dessin prodigués au sein de la Société Industrielle. Mais en 1937, l'orage approche. Le jeune homme prend la route de Lyon. « J'ai débuté une carrière dans la publicité. Puis la guerre est arrivée. » Toute la presse parisienne s'est réfugiée là-bas. Le dessinateur aussi car, fait prisonnier par les Allemands, il aurait pu être libéré, étant né en Alsace annexée par le Reich. Il s'évade et retourne à Lyon. La guerre finie, il part à la conquête de Paris. Là, sa vie va basculer : « J'en avais assez de la publicité. J'avais envie de faire de l'illustration. » En 1953, il frappe à la porte des éditions Hachette. De son carton à dessin, il sort quelques petits animaux. L'éditeur accepte. Naissent quelques albums où l'on trouve notamment le chien Youpi ou le chat Noiraud. « Au début, ils marchaient à quatre pattes. Puis ils se sont humanisés et se sont dressés sur les deux pattes arrière. » Sollicité par l'éditeur qui aimerait qu'il crée un personnage humain, Pierre Probst a soudain l'idée de donner à son amusant bestiaire une jeune chef d'orchestre. « J'ai créé Caroline pour moi. À cette époque, ma fille Simone avait l'âge que j'ai donné à mon personnage. » Il suffit d'ailleurs de saisir le regard de mademoiselle Probst pour y trouver celui de l'héroïne. Pour le caractère, Pierre Probst s'est souvenu de sa « merveilleuse grand-mère » mulhousienne.
« Une jeune fille moderne »
Contrairement à son modèle « Caroline n'a pas de parents, ce qui en fait quelque part une jeune fille moderne, indépendante ». « Elle n'est pas une petite fille idéale, même si elle se tire de toutes les situations. C'est une sorte de cheftaine. À l'époque, j'ai créé un personnage révolutionnaire. À cause de sa salopette rouge. Les petites françaises portaient plutôt robes et jupes. » À 51 ans, Caroline porte toujours la même tenue. À une exception près : elle a troqué ses ballerines années cinquante pour des baskets. Cette évolution est due aussi aux liens entre l'auteur et ses lecteurs. « Les enfants écrivent beaucoup. Ils sont très observateurs. C'est pour ça que j'ai dû modifier certains albums comme Caroline aux sports d'hiver. Les équipements ont bien changé et les jeunes lecteurs ne comprendraient pas ce décalage. » Pierre Probst a lancé d'autres séries. Fanfan qui a nettement moins bien réussi que sa « grande soeur ». Passionné de dessin animalier, il a aussi dessiné pour la série La vie privée des hommes. Mais sans jamais abandonner Caroline. « Il me faut grosso modo trois mois pour écrire et dessiner une histoire », raconte ce travailleur acharné qui vient de jeter sa jeune amie dans un périple écossais. Face à tant de succès, l'ancien gamin du textile ne veut pas être comparé à Hergé. « Je ne fais pas de bande dessinée, et puis Tintin, c'est pour les adultes. Il y a de la politique dans ses aventures. » Mais les adultes se souviennent d'avoir lu Caroline. « Ils m'écrivent « vous avez bercé mon enfance ». « Et ça fait presque trois générations que ça dure. »
Raymond Couraud
Quelques tableaux et affiches de l'expo.









