Né en 1963. Diplômé en philosophie et science des religions. Membre du très étrange Club des Mendiants Amateurs de Madrid, réunissant des critiques de romans policiers. Prix Gérardmer 2000 du roman fantastique pour Les Mémoires de l'Homme-Eléphant — sorte de "Freaks" victorien —, il a depuis publié Gotham, un psycho-thriller urbain, La Ligue des Héros, lauréat du prix Bob Morane / Imaginaire 2003 de la ville de Bruxelles, et L'Ere du dragon qui décrit une guerre mondiale opposant les humains aux créatures féeriques. Il vit dans le Nord avec sa femme et leur fille, Zelda.
www.mauvaisgenres.com/reponses_de_xavier_maumejean.htmMarc Madouraud : Lord Carnavon est-il un hommage au Flint de Jack Pearl (incarné deux fois au cinéma par James Coburn) ? Constitue-t-il aussi une attaque en règle contre les héros trop parfaits, style S.A.S., tellement stéréotypés et sans aspérité qu'ils en deviennent inintéressants ?
Xavier Maumejean : Je voulais avec Carnavon pousser l'intertextualité jusqu' à ces conséquences les plus absurdes, une parodie de la parodie, façon de dire au lecteur : allez, on va se marrer un coup. Lord Carnavon est pour l'essentiel Derek Flint, mais il vit à King Jason Place (clin d'oeil au "Jason King" de la série Département S), il a les mêmes diplômes que Doc Savage, se passe la main dans les cheveux comme Bob Morane, et partage un goût pour le luxe et les femmes à la façon du Jerry Cornelius de Moorcock. L'idée était de le noyer sous les références, pour lui interdire toute originalité et en faire un stéréotype. Sa perfection froide, adaptée au monde moderne, n'impressionne d'ailleurs pas les méchants qui regrettent le panache de la vieille école. [...]
Laurent Geusard : Les grands héros comme ceux de La ligue des héros ont-ils selon vous définitivement vécu (on pense aux retours perpétuels d'un Bob Morane par exemple ou Terres de Brume qui ressort justement un Harry Dickson écrit par Gérard Dole) ou pourraient-ils retrouver une nouvelle jeunesse ? Quelles seraient les conditions pour faire revenir ces héros populaires feuilletonesques ? ( à supposer que cela soit intéressant). D'autres «produits culturels » les ont-ils remplacé ?
Xavier Mauméjean : Il y a actuellement un grand héros de la littérature populaire : Harry Potter. De façon intéressante, le seul véritable héros contemporain évolue en âge, comme son lectorat, alors qu'auparavant la règle était de fixer le personnage à un âge indéterminé. Quant aux héros de facture classique, d'hier et d'aujourd'hui, il me semble que leur place est davantage dans la BD (Blake & Mortimer se payent littéralement une nouvelle jeunesse dans le dernier album) ou au cinéma. On peut le déplorer.