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« Au delà », film en 3 séquences et un final, le dernier opus du grand Clint n’a pas reçu de très bonnes critiques. Inconditionnel, je viens pourtant de le voir et je ne le regrette pas. Rappelons les critiques :
- 1. Depuis quand Clint Eastwood s'intéresse-t-il aux revenants ?
- 2. La journaliste rescapée d’un Tsunami et incarnée par Cécile de France ne présente aucun intérêt et, en plus, elle est très mal coiffée !
- 3. Le petit garçon londonien flanquée d’une mère héroïmane qui perd son jumeau en début de film ne sert qu’à engendrer un mélo paresseux,
- 4. Seule la vie du médium (Matt Damon) qui ne veut surtout plus exercer ses dons et, pour ce faire, est devenu un simple ouvrier à San Francisco trouve plus ou moins grâce chez nos critiques toujours sensible aux prolos pourvu que ça ne leur arrive pas !
Reconnaissons que je n’ai pas reconnu le Eastwood fabuleux de « Madison », des « Lettres d’Ikanowa » ou du récent « Gran Torino ». A 80 balais, au rythme d’un film par an, on ne peut quand même pas accoucher d’un chef d’œuvre à chaque fois mais le film est seulement bon. Excusez du peu.
1.D’abord, les problèmes de « l’après » hante Eastwood depuis bien longtemps. De « L'Homme des hautes plaines » (1973) à « Impitoyable » (1992) en passant par « Pale Rider » (1985), n'a-t-il pas filmé des justiciers au don d'ubiquité, cavaliers surgissant comme des spectres. Croit-il pour autant au surnaturel ? Les trois personnages qu'il dépeint dans « Au-delà » ont eux, en tout cas, la certitude que les vivants peuvent communiquer dans de certaines limites avec les morts, par nécessité (le petit londonien) ou par expérience (la journaliste française) et Matt DAMON lui même qui veut échapper à cette fatalité qui lui interdit toute vie normale et surtout amoureuse.
2. La journaliste vedette de la télévision française (Cécile de France), qui vit une expérience de mort imminente en réchappant miraculeusement d’un Tsunami, est tout à fait réussie. Dans un semi-coma, elle a vu la lumière ! Clint a réussi à vieillir Cécile de France, à la brunir, à lui coller une bouche siliconée de JT et à bien décrire la remise en question de sa vie immensément vide de journaliste du PAF.
3. Les malheurs de Marcus, le petit londonien, ne constitue pas une verrue mélo dans le scénario mais bien le lien entre Matt qui fuit son personnage et la solution. Ce lien, c’est Charles Dickens lui même mais je ne vais pas tout raconter.
4. Clint porte « toute son attention et son affection sur George, un médium de San Francisco incarné magistralement par Matt Damon, qui possède un authentique don. Il dialogue sur commande avec les morts. Cette facétie de la nature lui a permis, jadis, de gagner très confortablement sa vie, mais n’est pas dénuée d’effets secondaires, dont celui de le faire sombrer dans une épaisse dépression solitaire. Epuisé de faire le monstre de foire, George a renoncé à cette malédiction pour rejoindre le camp du bon sens, du travail à la sueur de son front, mais aussi de la précarité, en exerçant la profession de docker à Oakland » (cité de Libé qui n'a pas aimé non plus) . Comment ne pas voir dans George le portrait inversé de Clint Eastwood lui-même, jeune prolo de la classe ouvrière abandonnant les vapeurs des usines pour montrer sa belle gueule aux caméras de Hollywood. La gravité souvent poignante de Matt Damon et la sincérité pudique avec laquelle Eastwood décrit ce monde ouvrier qui agonise fonctionne à merveille.
En résumé, beaucoup de passages de haute volée et de maîtrise. Une bande son impeccable avec le piano, notamment de Shostakovitch. De l’émotion à go-go sur un sujet qui, réalisé par un autre, m’aurait sans doute fait sourire. La seule déception, qui n’en est pas une, c’est que ce film n’est pas un film de revenants. Vous n’apprendrez donc rien sur l’au delà, sinon qu’"il y a plus de chose dans l’univers que la philosophie et la science à la fois ne peuvent seulement imaginer". (citation d'Henri Vernes paraphasant je ne sais plus qui)