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par Jannick DENIS » 22 mars 2009 à 11:19
Du temps où H. Vernes faisait encore de très belles descriptions :
Bob et Bill gagnèrent le bagne lui-même, à deux pas. Un grand portail de briques, sans grilles, avec au dessus, l'inscripton "Administration Pénitenciaire" encore parfaitement lisible. Ils franchirent le portail. A gauche et à droite de grands bâtiments à balcons qui s'en allaient en décrépitude. Les toits commençaient à s'effondrer, écrasés par cinquante années d'oubli. La végétation tropicale envahissait tout. Les racines lézardaient les murs. L'humidité rongeait la brique et les plâtras. Tout ce qui était en bois tournait en poudre sous le lent travail de sape des insectes xylophages. Une atmosphère d'abandon. Même désaffecté,le bagne donnait encore une impression de désespoir. Là, moins d'un demi-siècle plus tôt, des hommes souffraient, livrés aux vexations des gardiens, à la maladie, à la violence, à l'ombre moisie des cachots. Quelqu'un aurait pu placarder, à l'entrée de cet enfer : "Vous qui entrez, laissez toute espérance". Dans un des cachots, ouvert à tous les vents, deux planches, rivées au mur, servaient à la fois de siège et de lit au prisonnier condamné à des éternités de solitude, abandonné au seul désespoir. Bill photographia les dortoirs, où les prisonniers, enchaînés, dormaient sur les bat-flancs de ciment. Des salles maintenant vides, aux murs verdis par les moisissures. Une porte de fer, arrachée de ses gonds, qui avait servi à boucler un cachot. Des briques en tas. Elles portaient toutes la marque de l'Administration pénitencière...
"Rendez-vous à Maripasoula"