Michel D a écrit :Toi qui est dans le secret des Dieux, pourrais tu nous expliquer le trajet que parcourt un envoi lorsqu'on le glisse dans une boite aux lettres jusqu'au moment où il arrive à son destinataire
Comment l'adresse est-elle reconnue (de visu ou par une machine) ?
Comment le timbre est-il oblitéré (manuellement ou par une machine) ?
... etc .. etc ..

Salut Michel,
Alors, voilà, je vais tenter de vous expliquer ça du mieux possible ...
On va tout d'abord parler du courrier de M. tout le monde, celui que chacun peut déposer soit au guichet d'un bureau de poste, soit dans une de nos boîtes aux lettres qui sont, je le précise pour les non belges, rouges ...
Dans la majorité des cas, ces envois sont affranchis à l'aide de timbre poste. Ce courrier est récolté par les facteurs distributeurs pendant leur tournée, le matin et le début d'après-midi, si il s'agit de boîtes aux lettres donnant moins de 20 lettres par jour et se trouvant la plupart du temps dans un endroit situé loin d'un centre-ville. Le courrier des autres boîtes aux lettres est récolté l'après-midi et en soirée par d'autres facteurs appartenant eux au service "Collecte".
Ce courrier transite ensuite par un bureau principal avant d'être expédié vers un centre de tri. Exception, dans le cas du centre de tri où je travaille, Charleroi, où le bureau principal se situe dans le même bâtiment que le centre de tri. Les premières arrivées se font en "vrac", c'est-à-dire que le courrier récolté directement mis en sac au bureau principal sans aucun pré-traitement, et le courrier sera intégralement traité au CTI (Centre de Tri Industriel). Les arrivées suivantes (Exception faite de Charleroi pour la raison déjà évoquée plus haut) se font en bac, le courrier ayant déjà été redressé (Action de mettre le courrier dans le même sens et surtout de séparer les envois par format, degré d'urgence, type d'affranchissement) et oblitéré (Action de mettre un "Timbre à date" sur les timbres). Certains bureaux font également du tri, mais cela est devenu l'exception. Je signale que d'ici deux ans, nous serons dans un nouveau CTI, qui sera situé dans le zoning de Martinrou, à Fleurus. Celui-ci sera beaucoup plus automatisé que celui où nous nous trouvons actuellement, et là, tout le courrier arrivera en "Vrac".
Pour revenir à notre courrier "Vrac", celui-ci est traité dans une section que l'on appelle "Redressage et Oblitération" qui est le premier endroit où ce produit sera traité, afin d'être mis à disposition du tri (Mécanique ou manuel). Le courrier arrive dans la section via un rail muni de pinces auxquelles les sacs sont accroché, la tête en bas. Ceci fait un peu penser aux cochons dans un abattoir (Désolé pour l'image) et d'ailleurs, nos agents appellent l'endroit où les sacs sont ouverts le "Cochon".
Là, les sacs sont ouverts, sans être décroché de leur pince qui continuera son chemin pour aller lâcher le sac vidé dans un conteneur. Le produit est rapidement séparé sur base du format et du type d'affranchissement. Le courrier mécanisable, c'est-à-dire l'enveloppe classique, affranchi à l'aide de timbres est dirigé, via une bande transporteuse, vers la machine de redressage et oblitération, appelée CFC. Cette machine redresse et oblitère le courrier, et le sépare également selon le degré d'urgence. Pour ce faire, elle capte le type d'encre qui a servi à imprimer le timbre. En effet, l'encre est fluorescente pour le non Prior et phosphorescente pour le Prior. Ce courrier est ensuite acheminé vers le tri, mécanique dans ce cas.
Le reste du courrier est redressé manuellement. Les envois affranchis à l'aide de timbre sont ensuite oblitérés avant d'être acheminé vers le tri, mécanique ou manuel selon le type de produit.
Voilà, notre courrier provenant des levées de boîtes est donc mis à disposition du tri.
Le courrier "Petit format" dont l'épaisseur ne dépasse pas 5 mm est trié mécaniquement, dans une machine dite "OCR" (Reconnaissance optique du caractère, c'est le même principe que lorsque nous scannons un document pour le retravailler dans un traitement de texte) qui va essayer de lire le code postal et le nom de la commune. Si elle y arrive, et que les deux correspondent, elle va trier automatiquement le courrier et y apposer un "Code-barre" (Ce sont les petites lignes verticales que l'on retrouve sous l'adresse). Ce "Code-barre" servira si le courrier doit être repassé en machine dans un autre CTI. Là où la machine ne suffit pas, une image de la lettre est captée par un système de caméra. Cette image est transmise vers les postes d'encodage où des agents spécialement formés pour cette tâche vont lire les codes postaux et les encoder via un clavier numérique. Si là non plus le code postal ne peut être lu, le courrier sera envoyé au "Rejets" afin d'être traité au tri manuel, en même temps que le courrier "Petit format" dont l'épaisseur dépasse 5 mm.
Le courrier "Grand format" est lui traité entièrement manuellement à Charleroi, Gand et Liège. A Bruxelles et Anvers, une partie de ce produit est traitée mécaniquement. Le système est similaire à celui des "OCR".
Les paquets (et notamment ceux remplis de Bob Morane) sont quand à eux traités manuellement, en grande partie. Ceci se fait dans des conteneurs où l'on évite, au maximum, de traiter en même temps des "Petits colis" qui peuvent être fragile, et des liasses de grand format, souvent très lourde, afin de ne pas abîmer les petits paquets.
Une petite partie de ces paquets et liasses est triée mécaniquement, dans une machine appelée "Kosan". Un opérateur lis le code postal et l'encode. Le colis, via un système de plateau tournant en permanence, sera ensuite acheminé vers le sac correspondant à sa destination. Il est à noter que ce système est considéré comme non-rentable et sera abandonné dans les nouveaux CTI. C'est la raison pour laquelle, déjà maintenant, seule une petite partie du produit est traité de cette manière.
Je ne serais pas complet si je ne parlais pas des deux niveaux de tri. En effet, il est impossible de trier tout le courrier directement par "Bureau distributeur". Nous avons donc un premier tri, appelé "Tri général" qui consiste à séparer le courrier entre les divers secteur des CTI. Par exemple, Charleroi X est séparé en quatre secteurs de tri, à savoir :
- 50/56, soit les codes postaux compris entre 5000 et 5699
- 60/65, soit les codes postaux compris entre 6000 et 6599
- 70/73, soit les codes postaux compris entre 7000 et 7399
- 75/79, soit les codes postaux compris entre 7500 et 7999
Ensuite, le courrier est trié une seconde fois, dans les différents secteurs de tri de chaque CTI, par "Bureau distributeur" cette fois.
Ensuite, le courrier est acheminé vers le "Bureau distributeur" où il sera trié par tournée de facteur. Ensuite, celui-ci classera le courrier dans l'ordre de sa tournée avant de partir se promener de boîtes aux lettres en boîtes aux lettres ... Personnellement, j'espère que le mien m'apportera ma dose de Bob Morane ce matin ...
Souris 5190, qui espère avoir été complet et surtout clair dans ses explications. Si vous voulez d'autres renseignements n'hésitez pas ...