Lilou Multipass a écrit :c'était la nouvelle formule d'un moteur 3 litres (en fait, deux V8 de 1,5 L) mais là où je flotte c'est ce que veut dire Cédric à moins qu'il veuille exprimer son regret du beau bordel pour trouver une nouvelle formule de moteur, que les cellules grises à l'époque fonctionnaient dans tous les sens, alors que maintenant, on est installé dans la routine ... pourquoi y a plus de recherche à l'heure actuelle ? ou alors le regret des équipes telles que BRM ou Lotus ?
Ouais, je suis un peu déconnectée ces derniers temps mais si vous avez des problèmes de moteurs anciens, vous me pm, hein ?

Bonjour à tous les amis
Et surtout à Lilou que ça fait plaisir de lire à nouveau
Et en plus elle me scotche la Lilou

elle connaît le H16
Si je cite son message c'est que je partage complètement son opinion : il est loin le temps de la F1 que j'aimais
J'ai commencé à m'y intéresser en 1963, l'époque de la F1 1L5, quand Jim Clark en était le roi (titres en 63 et 65), ou bien John Surtees (1964). En 1965, c'était aussi l'arrivée de Honda en F1, discipline jusqu'alors presqu'entièrement partagée entre Verts (Anglais : Lotus, Cooper, BRM) et Rouges (Ferrari).
Et puis en 1966, changement de règlement : la F1 passe à 3L. Et alors là, quel folklore, les amis! Personne n'était prêt, les nouveaux moteurs cassaient comme du verre et il arrivait qu'il n'y ait même pas 6 voitures classées (à l'époque, seuls les 6 premiers marquaient des points). Sauf qu'un vieux renard du nom de Jack Brabham, presque quadragénaire et ancien champion du monde (59 et 60) a l'idée de construire sa propre voiture (c'est un ancien mécanicien, comme souvent à l'époque) et d'y installer un vieux bloc V8, le Repco, rustique, pas très puissant mais indestructible; Et bingo ! sans grand panache, mais solide et régulier, Brabham conquiert son 3e titre de champion du monde au nez et à la barbe (jeu de mots volontaire, cherchez bien l'anagramme de Brabham

)des écuries beaucoup plus huppées. Et l'année suivante, rebelote, c'est son coéquipier Dennis Hulme, un néo-zélandais plus de la première jeunesse, qui gagne le titre à son tour (1967).
Après, c'est l'avènement du V8 Cosworth, qui équipera les Lotus de Graham Hill (1968) Jochen Rindt (1970), Emerson Fittipaldi (1972), Mario Andretti (1979), les March puis Tyrrell de Jackie Stewart (1969, 1971 et 1973), les Mc Laren d'Emerson Fittipaldi (1974) et James Hunt (1976), la Williams d'Alan Jones (1980). Les seuls accrocs seront faits par Ferrari avec Niki Lauda (1975 et 1977) et Jody Scheckter (1978). Et puis viendra le temps du turbo, et c'est une autre histoire...
Mais cette période d'une quinzaine d'années, pendant laquelle je n'ai pas raté un seul Grand Prix, reste chère à mon coeur et à mon avis la plus passionnante. D'une part, il y avait ce côté artisanal, cette bidouille permanente pour trouver "le" truc, ces inventions pas possibles (vous vous souvenez sans doute des premiers ailerons, fixes puis mobiles, inspirés par la Chaparral du Mans en 1966, et puis la Tyrrell P34 à 6 roues, la Brabham à aspirateur et surtout l'invention de l'effet de sol sur les Lotus du génial Colin Chapman). Ceci pour l'aérodynamique, mais en ce qui concerne les moteurs c'est pareil : le V12 conçu par Harry Weslake qui équipait les Eagle de Dan Gurney et ce fameux H16 BRM, constitué de deux blocs V8 1L5 assemblés par le carter, un truc monstrueux et assez peu efficace - d'ailleurs le nombre de cylindres sera limité un peu plus tard à 12...).
Quant aux pilotes, c'était autre chose qu'aujourd'hui : Pas de Senna ou de Schumacher, prêts à toutes les manoeuvres y compris les plus déloyales

Mais une bande de copains unis dans la déconnade (on se souvient de la grève des pilotes pour réclamer un peu de sécurité, il me semble que c'était à Kyalami en Afrique du Sud), qui avaient obligatoirement une sacrée paire de couilles et pas seulement un gros portefeuille
Et qui ont payé le prix fort pour leur passion : il n'y avait pas une seule saison sans son lot de morts en course ou en essais, et nous en éprouvions chaque fois une grande tristesse, car c'était pour nous un ami qui disparaissait.
Alors là, oui, je reconnais que la F1 actuelle, devenue le royaume du fric et du showbizz, fait beaucoup moins de victimes. Mais c'est pour moi son seul point positif et c'est pourquoi je ne regarde maintenant que très rarement les Grand Prix - j'ai eu de la chance dimanche, celui du Canada était spectaculaire !
Mes excuses pour avoir été aussi long; et aussi pour les erreurs qui ont pu se glisser dans les souvenirs de mon vieux cerveau (ça date quand même de 40 ans en arrière

)
Amitiés à tous d'Aristide Hergé